INTRODUCTION

 

Nous sommes en train de vivre une heure de notre histoire où il est indispensable de nous tourner vers le Maître suprême du Yoga, qui a gravi tous les échelons et franchi toutes les étapes de l'évolution par sa tapasya, sa pratique du yoga. Sa volonté impersonnelle, silencieuse et détachée peut enfin être entendue et suivie par l'humanité qui souffre et aspire, sans avoir aucune notion du but vers lequel elle se dirige. Rien d'autre ne pourra effectuer le changement nécessaire : aucune panacée politique, aucun demi-dieu, aucun savoir d'emprunt, aucun homme d'Etat, aucun ascète, aucun chef religieux. Nous sommes entre les mains d'un Pouvoir Suprême. Nous sommes ses instruments, rien de plus.

      En attendant, l'homme, cette créature à demi consciente, qui vit encore dans la crainte de Dieu, aiguillonné par l'Ignorance (Avidya) — le jeu de la multiplicité—, s'est enfermé dans toutes sortes d'appareils et de mécanismes, et se trouve aujourd'hui étouffé sous le poids de sa Science.

      Voilà plus de cent ans que Sri Aurobindo a prédit que l'homme serait un jour en péril d'être écrasé par ses propres machines et que son confort lui deviendrait un fardeau. La science, la philosophie et la pensée critique, avait-il vu, se sont établies et ont conquis la masse de l'humanité en satisfaisant son désir du luxe, du confort et de la facilité, et en donnant à ses actions toutes les justifications possibles dans ce vaste conflit d'intérêts, de passions, d'appétits et d'aspirations diverses dont les effets corrosifs et destructeurs sont visibles dans le monde entier.

      C'est ici qu'entre en jeu l'un des plus grands ennemis de l'homme : le « stress » comme on dit de nos jours. Dangereux car par cette brèche s'engouffrent des forces « hostiles » qui, pénétrant insidieusement dans sa vie et profitant de son inconscience, sont prêtes à ruiner sa santé physique et mentale, son bien-être et son harmonie intérieure s'il ne réagit pas immédiatement.

      Il semble accepté que le stress est un état psychologique qui provient de notre incapacité à supporter la pression que nous impose la société, et notre mode de vie. Mais en fait, le stress est un état psychophysique qui dépend largement de notre équilibre nerveux,

   


et qui profite pour s'installer des «trous» dans notre armure — c'est-à-dire dans notre nature encore rudimentaire et anarchique.

 

Les symptômes du stress sont bien connus: anxiété mentale et émotive croissante, incapacité de contrôler ses pensées et, de ce fait, de se concentrer de façon soutenue.

      L'Occident en a fait l'expérience, et pourtant la science médicale a lamentablement échoué dans sa tentative d'y remédier. Comment se fait-il que la science trébuche dès quelle essaie de résoudre un problème qui échappe à son domaine proprement dit ? Tout simplement, peut-être, parce quelle n'a pas su comprendre les mécanismes secrets de la Nature au-delà du champ de la Matière. Car la solution des problèmes liés au stress se trouve en vérité dans les profondeurs de notre être, dans des régions subtiles, subliminales comme dit Sri Aurobindo. Il est donc normal que nous soyons en peine de diagnostiquer précisément ce mal, et à plus forte raison de le guérir, si nous n'avons aucune connaissance des pouvoirs subtils qui agissent dans notre être et sous-tendent toute vie.

      Et pourtant, là où la science a échoué, l'éternelle sagesse de l'Inde s'est montrée souveraine. C'est dans la Connaissance supérieure qui est en nous, que nous pouvons déchiffrer l'énigme de notre existence, et découvrir aussi la raison, la cause profonde de ces maux et souffrances sans nombre dont l'humanité est accablée.

Kalu Sarkar